Honfleur - Etats du ciel.

Dans le musée de Honfleur, Eugène Boudin nous parle de la pluie et du beau temps. Parler de la pluie et du beau temps, les plus belles conversations, n'est-ce pas? Ces conversations nous entretiennent ici des états du ciel dans les constantes métamorphoses de ses éclairages colorés magnifiques, en mouvement sans cesse au-dessus des côtes normandes et flamandes, brassées par les eaux beiges des mers, de la Manche et de celle du Nord. Des peintures du ciel illimité, sur des modestes rectangles de toiles ou de papier, peintures à l'huile, peintures à l'eau ou encore à la craie, ou aussi aux crayons de couleur.

Un art poétique de météorologies qui nous parle d'un climat, d'une géographie, d'une province, d'ici et de nulle part ailleurs.

La peinture a témoignée très longtemps dans son histoire d'un climat, de la météorologie provinciale de ses origines, des lieux où elle est née, le terrain de sa culture déterminé par un climat.

Est-ce le cas aujourd'hui, l'art contemporain témoignerait-il du climat de pays et de provinces, de leurs éclairages particuliers? Ne serait-il pas confiné dans une serre... climatisée, commune à tous les artistes, celle de la globalisation, de la pensée unique d'une esthétique mondialisante?

Observations du directeur de la station d'art météorologique Jean Claus Tannenbaum.

Château-Thierry, Dimanche.

Journée ensoleillée.

Sur la fin de l'après-midi, apparaissent dans le ciel, en grand nombre, entraînant avec elles une sorte de lourde bâche vermillon, des Humeurs très agitées ; elles ponctuent le ciel de virgules nerveuses comme les signes annonces inquiets d'un orage inattendu; confirmé très rapidement avec un grand fracas.

Aétius.

Diogène d'Apollonie disait que la chute du feu sur le nuage humide - en provoquant son extinction - produit le tonnerre, et à cause de son éclat, l'éclair; quant au souffle, il est une cause concourante.

(Opinions, III, III, 8.)

Nogent-sur-Seine. 

Etat du ciel au matin.

Nogent-sur-Seine.

Météorologie présocratique - la formation des nuages.

Diogène d'Apollonie explique ainsi la formation des nuages.

Il prétend que les gouttelettes de la mer projetées les unes contre les autres par le brassage des vagues, s'accolent une fois à l'air libre pour s'associer et reconstituer des masses que le brassage des vagues avaient dissociées et, forment ainsi des nuages. L'union des particules d'eau, corps à corps qui constituent les nuages génère une chaleur qui est celle provoquée par la fusion des corps quand ils s'accouplent; par ce réchauffement, plus léger que l'air, ils s'élèvent dans le ciel, comme le feraient les vapeurs de l'eau que l'on fait bouillir, ou le duvet d'une oie.

Ils migrent ainsi dans le ciel poussés par les vents et déverseront l'eau dont ils sont chargés en pluies, quand ils survolent des territoires froids provoquant leur condensation. Raison pour laquelle, les pays chauds connaissent peu de pluies et souffrent de sécheresse.

Note de lecture, le directeur de la station  d'art météorologique Jean Claus Tannenbaum.

Marcilly-le-Hayer, Jeudi.

Bien chargé, le Grand -Véhicule Pluvioses, assez bas au-dessus de nous, déverse les pluies de son transport.

Et nous portons ici, cette note de lecture de ce matin.

"Diogène d'Apollonie déclarait, que à l'endroit où le dense se rassemble, il produit la Terre par condensation, et c'est de la même manière que se trouvent produites les autres

choses; au contraire, les parties les plus légères, en se disposant en haut, donnent naissance au Soleil".

Le directeur de la station d'art météorologique,  Jean Claus Tannenbaum.

Strasbourg, Dimanche, le temps est doux, les Pâques bien sûr ressuscitées, sous les éclairages différés, du voilé au dévoilé sous les vastes mouvements du large drapé qu'elles agitent, au-dessus des promeneurs très désoeuvrés.

Le directeur de la station d'art météorologique, Jean Claus Tannenbaum.

Strasbourg, Vendredi Saint.

Journée criminelle, "le christianisme, une métaphysique de bourreau", disait Cioran.

Celle, aujourd'hui, en rien assassine, aux douceurs de l'atmosphère, les Pascalines  au ciel serein d'émolliences  ensoleillées, se lient aux harmonieuses combinaisons de l'insouciance sans passions; nous n'irons pas au temple aujourd'hui.

Observations de Jean Claus Tannenbaum, directeur de la station d'art météorologique. 

Villenauxe-la-Grande, Samedi matin.

Où, par-dessus les collines vert-de-gris, les Avrils libérées, s'enlèvent dans l'ascendance d'une claire  journée aux probabilités annoncées cependant, de passages pluvieux dans l'après-midi.

Le directeur de la station d'art météorologique, Jean Claus Tannenbaum.

Vesles-en-Amer. Mercredi.

Et du ciel d'aujourd'hui, en mouvements colorés, les bras levés de celles les mêmes des lendemains invoqués du temps conjuré.

Le directeur de la station météorologique, Jean Claus  Tannenbaum.