samedi 29 décembre 2012








Solstice d’hiver.

Serait-ce, comme un guerrier équipé
D'un casque ailé doré,
Le héros des lumières Heliominos,
A développer comme un vaste péplos
Qu’il entraîne derrière lui très véloce,
Pour découvrir le soleil  sur le cosmos?
C’est bien lui dans la nuit
Du temps qui fuit.
Avec lui de l’hiver le solstice
 A nous redonner la lumière bienfaitrice,
Il honore un fois encore le serment
De son éternel retour ponctuellement.
Et, dans l’étoffe traînée  madérisée,
Disparaissent les jours anciens étouffés,
Autant de rubans surannés entourbillonnés 
A voltiger avec tant d’autres sans fin
Dans l’univers comme de vains serpentins,
Ils virevoltent autour de la planète,
Calicots fanés des mémoires défaites.

J.C Tannenbaum directeur de la station d’art météorologique.

mercredi 19 décembre 2012





Soire-le-Château, Nord.

Décembre des petits jours
Gomme des choses les contours
Et ne laisse que des grises estompes 
Quand si vite sa pâle lueur succombe.
Décembre du jour qui fuit
Se dissout dans la nuit.
Divinité du jour pourquoi cette défection!
Quelle faute vaut cet abandon ?
Que faire pour que revienne la lumière,
Comment exorciser la nuit de notre fin dernière?
Dresser des brasiers de sapins
Pour conjurer ce funèbre destin?
Sacrifier des moutons et brûler de l'encens 
Pour nous concilier les Dieux bienveillants?
Mais moi, en théogonie érudit
Je vous dis ici ce qui suit.
Bonnes gens de ce terrible malheur
Le contrevenant est ailleurs
De cette malédiction vous n'êtes pas responsables
Et, je vous donne le coupable.
Par Hésiode déjà nommé en des temps anciens,
Erèbe, divinité des ténèbres à tous les désordres enclin,
Oui c'est lui, le délinquant qui impunément
Sévit annuellement,
Frère et époux de Nyx fille de la nuit dont il engendre
Héméra fille du jour, le voilà entreprendre,
Père incestueux, séduire sa fille affolée 
L'enlever à cheval la ravir au jour, l'enténébrer. 
Violée, abandonnée 
Quand, sa fureur épuisée, 
Il disparaît dans la nouvelle année,
A galoper dans l'obscurité.
Il laisse alors  Héméra libérée 
Au jour que nous avons enfin retrouvé.
Monstre pour un temps seulement oublié,
Car de sa terreur lascive,
Depuis Hésiode toujours et encore il récidive.

Théogonie de J.C Tannenbaum, directeur de la station d'art météorologique. 

mardi 27 novembre 2012




Crèvecoeur-le-Grand, Oise.

Le cavalier des nuées
De chevaucher dans le ciel agité
Qui sait vers quelle destinée
Sans doute lui aussi à l'ignorer
Pour peut-être qu'à son cheval se fier
Qui saurait où il va l'emporter
Dans le flamboiement  de stratus
Déchirés, il galope sans plus
Quand au comble de son anxiété
Comme un théâtre violemment éclairé
Au zénith incandescent, l'apparition
De la messagère sans voile la révélation
Terrible de la vérité
De sa cruelle nudité.
A l'arrêt, cavalier et cheval stupéfaits
Maintenant pétrifiés dans leur course, à jamais.

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.

samedi 3 novembre 2012






Novembre.

Premier Novembre, la fête de tous les saints.
Ils les ont tous visités durant la Toussaint,
Jusqu'au au fin fond des campagnes,
Dans les lieux-dits  où se cachent leurs âmes,
Les temple et les églises et les abbayes
Dont, canonisées, ils font la toponymie. 
Ici, petit doigt coupé pieusement conservé,
La-bas, coeur dans un reliquaire enchâssé,
Tibias aussi et toutes sortes d'osselets,
Dans de petites boites ciselées enfermés.
Et aussi, représentés, en bois, pierre, plâtre,
Au feu mourant des candélabres,
Les terribles pâleurs de leur vertu
Aux détours des drapés dont ils sont vêtus.
Des vies édifiantes spirituelles, 
Les vastes plis solennels 
Des toges sacramentelles
Aux amples mouvements  de l'intemporel.
Combien sont-ils, des mille et des cents,
Tous à léviter dans les parfums de l'encens,
Des connus aux inconnus, toute une population
Sanctifiée, vouée au culte de nos adorations,
Martyrs et détresses
Voilà que nous les chantons dans l'allégresse!
Ces vies étranges du Saint-Esprit ionisées,
Au-delà de l'effroi, maintenant à jamais béatifiées.

J.C Tannenbaum, directeur de la station d'art météorologique.


mardi 23 octobre 2012





Autry, Ardennes.

Les brouillards du matin dissipés jolie éclaircie sur Autry
Ils ont passé bien vite au-dessus des bois l'après-midi
Elle avait une main ouverte comme pour une bénédiction
L'autre dans ses cheveux avec un air de distraite compassion
Alors que lui en arrière énergiquement cambré
Ses jambes par dessus elle comme en ombrelle balancées
Par cette voltige absorbé n'était pas en adéquate disposition
Pour recueillir comme il faudrait ce geste d'affection
Montage il est vrai de convention pour faire démonstration
De sentimentales émotions sans grande conviction
Ils ont passé ainsi en une peu commune procession
Missionnés à dispenser une sainte onction de consolation
Sur ces terres de si peu de population sans affectation.

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.



mercredi 10 octobre 2012






Octobre.

a tout va ils s'éffeuillichiffonnent
aux soupirs des vents d'automne
pour essuyer des cieux,            
d'un chagrin mouillé, les yeux,                                                        
il se laissera oublier,
par ces nuages emporté
si rapides à se déplacer
toujours  à se succéder
sans rien laisser du passé
à  tout effacer en ce bel arroi
aux couleurs du ciel sans autrefois.

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique. 


jeudi 27 septembre 2012






Saint-Georges-des-Groseilliers, Orne.

On pourrait penser voir des hippocampes
Là suspendus comme un cul-de-lampe
Dans un ciel aux rosissements suaves
Il serait l'ornement d'une fin de page
Celle peut-être de l'été finissant
Qui se dérobe en douceur discrètement. 


J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.

jeudi 20 septembre 2012






La Chapelle-sur-Erdre, Loire-Atlantique.

Ils sont entourbillonnés  dans un rapide passage
Au dessus de nous emportés pour quel voyage ?
Par quelle crainte sont-ils liés les uns aux autres 
Voyageurs embarqués comme sur un cotre
Au foc et trinquette de vents boursouflés
Fugaces expéditionnaires de quelle odyssée
Epopée cotonneuse aux archipels des nuages  
Et, déjà hors de vue dans ces immenses paysages.

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.


mardi 11 septembre 2012





Le Grand-Quevilly, Seine-Maritime.

Les stratus s'étirent en filandres
Fils soyeux de septendre
De l'été encore les freluches
Au ciel serein sans embûche
Attendrissant comme une peluche
A faire conter de gentilles fanfreluches 
Et me souvenant de Girard de Saint -Amand
J'ajoute  ce couplet de lui venant :
"J'entreprendrais en un temps chaud et clair 
 Le vain calcul des freluches de l'air".

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.


jeudi 6 septembre 2012





Une éternité colorée.

Et voici Septembre
Dans un ciel tendre
Doucement ensoleillé
Où les Astéracées
Elles sont toujours là
De leurs pourchas 
Elles font les rondes 
Qui en lacets vagabondent
Pour encercler 
L'été fait prisonnier
Dans ces contours
Et de conjuguer à rebours
Ce temps au passé
Afin de maintenir l'été 
Au présent toujours 
Dans un calembour 
Vouloir le contenir
Elles me font rire
Quelle candeur 
Celle des fleurs
Vouées au bonheur 
Des couleurs 
De leur odeur
Jolie destinée
Bientôt achevée  
Au temps mort 
Quand incolores
En bulbes fripés réduites
Elles seront déconfites
Remisées dans des cageots
Bien comme il faut!

Mais de cette perfide traîtrise démises
De l'avenir toujours les promises
Sauvées du pourrissement
Elles feront encore l'enchantement
De ce qui sera toujours "été"
De toute éternité colorée!

Une observation de J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.

mardi 4 septembre 2012





Les Astéracées.

Les cumulus joufflus de pluie véhiculent
Hors champ les féroces Canicules
Et libèrent enfin celles d'étouffement sauvées
Les tubéreuses exubérantes Astéracées 
Dans la clémence de l'air elles se culbutent
Et exécutent des gymnastiques tout en volutes
Comme une calligraphie pour écrire leur tendresse
Et lier dans les pleins et les déliés leurs caresses
Au-dessus de fleurs accumulées très colorées
Qui seraient les virgules d'une ponctuation désordonnée
Et de les jeter de ci de là 
Ces fleurs de Dahlias
Pour cadencer avec cette fleuristerie
Les stances inspirées des jolies inepties
Qui sont dites dans les grands moments du coeur
Des effusions aux transports de l'âme le bonheur
Elevée au zénith azuréen de la transcendance 
Au point ultime de l'éblouissement et de l'absence.

Ainsi le météorologue voué aux songes
Des illusions abusé hélas! il reste le beau mensonge.

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.

vendredi 31 août 2012





Dahlias.

L' élégante plongée d'Astarécée
Dans une arabesque dessinée,
Au mouvement de ces fleurs jetées,
A leurs voltiges colorées elle est associée,
Au vent léger d'été ces fleurs sont confiées,
Des étoiles carminées de Dahlias,
Qui du souffle de l'air suivent les aléas,
D'un fleuriste la carte du ciel extraordinaire,
Où s'essaiment ces constellations éphémères,
Quand dans le ciel avec elles pour nous distraire,
Astaracée exécute ses culbutes hémisphères.

J.C Tannenbaum diecteur de la station d'art météorologique.

vendredi 17 août 2012





Cyclaménée d'Août.

Du ciel comme d'une menace pommelé
Cyclaménée chute  lourde comme un rocher
Par la pesanteur du corps à corps entraînée
Semblable à une météorite d'un astéroïde détaché
Achondrite incontrôlée dans un vertige affolé
Tombe, tombe sans rien pour l'arrêter
Par le Maître des Cieux abandonnée la voilà livrée
A la loi sans appel de la gravité universelle
Pour avoir reniée son voeu d'apesanteur originelle
En cédant à l'attraction entre corps sensuels
Condamnée au terrible châtiment de la chute mortelle
Malheureuse Cyclaménée des fleurs immortelles éponymes
Qui de vouloir aimer a abjuré sa foi d'éternité androgyne
Triste fin du commun des mortels
Terrible écot que vaut la bagatelle ?

JC. Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.

mercredi 8 août 2012




Lumière d'Août.

Août porté par des cumulus
Murmure un orémus 
Etrange prière
Dans la moiteur de l'air
Mauve sur l'horizon
Silencieuse oraison
Des floraisons la contemplation 
Aux grands-carmes l'inspiration
Des dévotions la négation
Des touffeurs de mousson
Quand dans l'accablement de saison
Dans les suées se font les moissons
Comme d'une étouffante grossesse
L'achèvement épuisant d'une promesse  
Quand d'Août brûle la lumière
Mortifère de Faulkner.

J.C.Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.

mardi 31 juillet 2012




Baume-les-Dames, Doubs.

aux mouvements des aléas
du ciel s'étiolent les dahlias
que de surcroît dépiaute la sotte 
qui de ces fleurs se moque
occupe ainsi son désoeuvrement
en ce Juillet décevant
où quelques bouffées de chaleur
laissaient espérer un retour de faveur
bien vite bousculé par des orages
à tout tordre sur ses passages
et les tomates peinent à pousser
pendouillent sans se colorer 
les Oréades n'ont pas les pieds par terre
qu'est-ce que tout cela peut leur faire
occupées à leurs affaires à ne rien faire 
dont elles ne sauraient se soustraire
l'instabilité du ciel leur indiffère.

Observation de J.C Tannenbaum ingénieur météorologue, 
directeur de la station d'art météorologique.