mardi 8 décembre 2015

Vertigo.







Il l'a enlevée celle convoitée
Arrachée à sa mère désespérée
La fureur d'aimer du Centaure sans pitié
Se moque de ce qui à son désir irait se refuser
Car tant sont redoutables ses terribles ruades
Qui terrifient  ces malheureuses naïades
Livrées au seul secours de leurs jérémiades 
Dont il n'a cure,  l'enlève dans sa cavalcade
De bête furieuse au grand trot de sa libido
Dans un effrayant rodéo au funeste vertigo,
Aux couleurs terribles d'une fin assassine
Alors de pourpre le ciel fulmine.


J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.
  

jeudi 3 décembre 2015

Jour insipide.







Longeau-Percey, Haute-Marne.

Décembre au jour insipide
Quand tout au gris le ciel se vide
Ils sont là cependant
Occupés à se flatter le flanc
En mouvement très alerte
Dans la campagne de vie inerte
Non, en rien cela les déconcerte
De l'un  l'autre ils font la découverte
Ici à tourner en rond folichons
A donner bonne raison à leur déraison
Car, à s'occuper de cette façon
Est-ce encore de saison?

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.

lundi 23 novembre 2015

Novembre.







La Saulsotte, Aube.

Peut-être Novembre qui s' effeuille 
Qui spontanément rimerait avec deuil
Alors que le ciel  est guilleret
Une ambiance très en gaieté 
Toutes ces feuilles tourbichonnées  
Seraient comme des cotillons emportés
Par les appels d'airs provoqués 
Aux passages de danseurs enthousiasmés
Qui n'ont de cesse à renouveler les pas cadencés
De rondeaux aux arabesques compliqués
Et puis tout se calme quand à bout de souffle
Ces feuilles au pied des arbres s'emmitouflent 
Et là lentement se décantent empilées pèle-mèle
Se métamorphosent en délicates dentelles.

J.C Tannenbaum, directeur de la station d'art météorologique.


vendredi 23 octobre 2015

Penthésilée.







Penthésilée de son arc bandé
Sans faillir d'une flèche a percé
Alexandre son ennemi haï et aimé
Qui ainsi fléché a succombé
Car à la reine des Amazones
Il est interdit d'aimer un homme
Selon le serment qui la lie,
Elle se devait l'occire sans merci,
Au dilemme de sa passion le défi,
Alors de la sauvagerie l'oraison
Par ses chiens le fit dépecer sans raison.
Maintenant la voilà qui désespère
De sa folie sanguinaire et carnassière,
Elle pleure de sa passion perdue le malheur
Et de désespoir de son épée se perce le coeur.

Au triomphe sacré du Devoir
Au mépris des passions, la Gloire!

J.C Tannenbaum, directeur de la station d'art météorologique.

samedi 3 octobre 2015

Billevesées.







Saint-Laurent-sur- Gorre, Haute-Vienne.

Phénomène de scissiparité,
D'un mois en deux ils se sont divisés,
C'est ainsi que October s'est séparé
De September sans égard rejeté,
Une bizarre chimie qui force
Une fois encore au divorce,
Ce qui semblait si bien uni
Par incompatibilité se détruit.
Ah! qu'en est-il de l'harmonie rêvée 
Dans un chaos si bien ordonné
En milliards de particules dispersées?
Billevesées vous dis-je, des billevesées!

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.


samedi 26 septembre 2015

Au vent d'automne.




Charmont-sous-Barbuise, Aube.

Dans le ciel qui doucement grisonne,
Au vent d'automne ils s'abandonnent
Défiant les lois de la gravité
De tout leur poids ils sont enlevés
Soufflés, poussés, il les emporte
Loin d'ici il les transporte
De l'autre côté de la planisphère,
En exil relégués, il les transfère 
Astres balourds maintenant portés
Sous le signe du zodiaque opposé
Où de nostalgie éperdus,
Ils pleurent ce qu'ils ont perdu.

J.C Tannenbaum, directeur de la station d'art  météorologique.    


vendredi 18 septembre 2015

Passereaux.







Châteaumort, Haute-Vienne.

Dans le ciel de Septembre ils s'envolent
En décrivant de folles caramboles,
Tout au-dessus du château
Ils s'égaillent comme des passereaux,
Ou peut être des âmes prises en défaut
Dans cet édifice vide comme un tombeau,
Elles voltigent tout autour désemparées,
Ne sachant plus où se réconforter.

J.C Tannenabum, ornithologue.

jeudi 3 septembre 2015

Août s'en est allé.







Willgottheim, Bas-Rhin.

De soleil épuisé
Août s'est en allé
Laisser la place à Septembre
Son compagnon le plus tendre
Comme un régent de fin de règne
Quand du lustre de l'été, s'éteignent, 
L'une après, l'autre les furieuses lumières,
Tel le rituel des Offices des Ténèbres
Et, s'alternent jusque au crépuscule
Les antiennes de jours minuscules
Qu'ils chantent, de dolorisme épris,
Dans la nuit alors établie,
En choeurs mélismatiques...
Jusqu'au retour de l'été, extatique!

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.

mercredi 5 août 2015

Saint Fiacre.







Ah! voilà que menace l'orage,
Au grondement du ciel le présage,
Aux pluies mêlés, des grêlons,
Annonce-t-on, aussi tomberont,
Ce qui du ciel serait une injuste punition,
Alors que ces eaux seraient bénédiction
Sur ces terres de sécheresse craquelées
Qui font le malheur des maraîchers,
Si de surcroît devaient tomber des glaçons,
De ces fragiles cultures ce serait la destruction!
A quel Saint se vouer pour conjurer la malédiction?
Saint Fiacre serait le Saint homme de la situation,
Patron des jardiniers il fera tout pour les sauver.
Zélateur dévoué il s'employa à les protéger,
Tant et si bien que rien n'est tombé,
Ni pluie ni grêlons
Quelle déception!
Et de laisser les jardiniers consternés
Aux bons soins par eux même, de tout arroser,
Comme quoi, à ces Saints anciens, on ne saurait se fier.

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.


lundi 13 juillet 2015

Canicule.





Canicule, annoncent-ils
Qui hécatomberait disent-ils
Bon nombre de petits vieux
Dans ses mandibules de feu,
Maintenant les pales des ventilateurs
Brassent l'air des moiteurs
Quand se répandent les sueurs
Dans ces terribles chaleurs
Et que titubent dans la torpeur
Ces malheureux presque morts
Qui dans de vains efforts,
Tentent de se sauver de ce sort,
Funeste, mais rien n'arrête  la bête
Imbécile  qui sans fléchir s'entête
Qui de son poids colossal d'obèse
Monstrueux sur la ville pèse
Et étouffe tout signe de vie,
Imperturbable, sans sursis
Comme un énorme montgolfière
Gonflé d'atmosphère délétère mortifère...
Les voilà tous en prières pour se libérer de cet enfer,
Que souffle les vents  pour enfin le défaire!
Borée les entend et, libère le courant d'air salutaire
Qui atomise Canicule dans sa fureur meurtrière,
Alors la population délivrée de la terreur
Clame sa reconnaissance en choeur
"Alléluia! grâce te soit rendue dieu puisant et sévère
Et nous élèverons les stèles sacrées qui te vénèrent."
Voilà qui explique ces édicules de-ci de-là dressés,
Conjurer le démon pour qu'il ne revienne jamais!

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.

lundi 29 juin 2015

Hématidrose.






Juin aux roses de l'hématidrose,
Avec ces fleurs en osmose
Il compose avec elles leur florilège
Dont elles sont les mélodieux arpèges,
Elles se lient entre elles en élégantes appoggiatures,
Couleur de sang très souvent comme une blessure,
Car de l'été condamnées à se conjuguer au passé
Et ainsi de saigner de toutes leurs fleurs le regret
De tant de beauté si vite fanée dans l'apothéose,
Quand elles jubilent et pleurent rouges et roses,
Ces fleurs dans un choeur grandiose,
Chantent la parousie dans l'hématidrose.

J.C Tannenbaum, directeur de la station d'art météorologique.


mardi 2 juin 2015

Epiphane célibataire.






Baume-les-Dames, Doubs.

Et, il leur apparut tel un épiphane
Comme pour révéler à leur âme
Une prise de conscience, une Vérité
Lumineuse dont ils seraient privés
Ce qui ne manque pas de les troubler
Car cette Vérité ils préfèrent l'ignorer
Tant ils subodorent des désagréments
Dans l'énoncé d'un docte enseignement
Aux ambitieuses exigences morales
A les porter très haut dans la lumière idéale,
"Ce trop de lumière nous sera fatal! "
" Loin de ce prestigieux fanal"
"A l'éblouissement des célestes sphères"
"Des pénombres nous préférons le mystère."
Des splendides illuminations épiphane célibataire,
Quand de toute cette Vérité ils préfèrent se distraire.

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.

vendredi 22 mai 2015

Démêlés du mois de Mai.






Démêlés du mois de Mai,
C'est ce que l'on pourrait penser
A les voir ainsi bien agités,
Avec cet homme au casque ailé
Qui de son doigt pointé
Désignerait quelque culpabilité,
A l'encontre de cette dame
Peut-être auteur de ce drame
D'une sorte de funeste noyade
Aux chaos d'une tornade, 
Des désordres stochastiques
Sans recours, la fin fatidique.
Alors désigner une culpabilité,
Quel vain procès à la fatalité.

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.

mercredi 22 avril 2015

Ritournelle.




Saint-Genouph, Indre-et-Loire.

Et, c'est la ritournelle des fleurs nouvelles
Qui d'années en années se renouvellent
De confettis jaunes et roses sur les bosquets
Sont comme pour des noces lancés
Et les voilà tout en gaieté retrouvée
Les fiancés en herbe primesautiers.

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.

dimanche 12 avril 2015

Rondeau.






Le Printemps.

Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye,
Et s’est vestu de brouderie,
De soleil luyant, cler et beau.

Il n’y a beste, ne oyseau,
Qu’en son jargon ne chant ou crie :
Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye.

Riviere, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d’argent et d’orfaverie,
Chascun s’abille de nouveau.
Le temps a laissié son manteau.

Observation météorologique de Charles d'Orléans (1394-1465).

jeudi 2 avril 2015

Contretemps.






Saint-Pourçain-sur-Sioule, Allier.

Quand orangé le ruban
Affolé  est vrombissant
Sous les poussées du vent
Qui bousculent les gens
Et remuent avec leurs passages
Tout le paysage, plus très sage,
Comme cela, par à-coups
Qui bloquent tout,
Quand à contre-vent,
Immobilisant un moment, 
Contre le temps contrariant,
Sans l'arrêter pour autant
En suspend subrepticement 
Et, le mouvement reprend
En avant comme avant,
Au souffle du temps,
Fatalement,
Ils sont impuissants.

JC.Tannenbaum, directeur de la station d'art météorologique.

mercredi 18 mars 2015

Vent jaune.





Mars pousse le vent jaune
Couleur à l'aune
Des fleurs des forsythias
Quand ils poussent leur hia,
De ces bosquets égaillés 
Ils seraient les criards plumets
Pour saluer avec ostentation
Le printemps avec cette décoration
Sur ces campagnes encore grises
De l'hiver pas tout à fait remises

J.C Tannenbaum, directeur de la station d'art météorologique.

mardi 10 mars 2015

La Triade.






Elle s'en va, de l'hiver la Triade
Au temps nouveau fuyarde, 
Quand le jour maintenant s'éclaire,
Elle se transporte dans l'hémisphère,
Où la saison d'ici est son contraire, 
Là-bas se reconduit le jour éphémère
Des nuits longues qui la plonge
Dans la somnolence des songes
Quand toute lumière est vaine
Et que l'obscurité au long des semaines
Traîne sa peine et l'emmène avec elle
Dans les vapeurs de l'immatériel, 
Alcôve cotonneux des paresses
Du plus rien faire la tendresse 
Que l'hiver ainsi jamais ne finisse,
Aux cruautés solaires, la pénombre de l'oasis.

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.

lundi 23 février 2015

Céleste.





Dombasle-en-Argonne, Meuse.

Février tout au gris et, une éclaircie!
Autour d'elle ils se sont réunis 
Empressés, rejoindre Céleste,
Oublier ces jours funestes
Dans ses bras qui comme une anse, 
S'ouvrent à eux avec clémence,
Pour les accueillir avec bienveillance
Et, les emporter au royaume de l'insouciance
Où dans les molles nuées de l'indifférence,
Elle règne céleste, avec nonchalance. 

J.C Tannenbaum directeur de la station d'art météorologique.